Tout refleurit / Aurélien Gerbault, réal.
Vidéo
Edité par CNC (Centre National de la Cinématographie) [éd., distrib.]. [Paris] - 2008
Fin 2005, Aurélien Gerbault a suivi le cinéaste portugais Pedro Costa pendant le tournage de son film "En avant jeunesse !". Il adopte tour à tour les positions du témoin, observateur discret des phases de tournage et de montage, et de l’interviewer, sans jamais épouser pourtant les formes convenues de l’interview ni du making of. De rares extraits se glissent dans ce portrait de silences, d’écoutes et d’espaces.
De retour dans les ruines de Fontainhas, le bidonville lisboète qu’il a filmé dans "Ossos" (1997), "Dans la chambre de Vanda" (2000) et "En avant jeunesse !" (2006), Pedro Costa confie avec humour que faire du cinéma est très simple. À l’entendre décrire le tournage de "Vanda" on pourrait croire en effet qu’il suffit de poser une caméra et d’attendre. Le voir répéter avec ses "comédiens", hésiter entre deux prises qui, vues par-dessus son épaule, semblent rigoureusement identiques, y guetter la moindre inflexion de voix, démontre au contraire son incroyable minutie. Aurélien Gerbault éclaire un tant soit peu le mystère Costa, cinéaste rare dont les films, pourtant, se dressent avec toujours plus d’évidence dans le paysage contemporain. "Tout refleurit", fort de ses silences, accorde ainsi deux patiences, deux façons d’écouter et d’observer le monde : mettant cet écart entièrement au service de son sujet, il acquiert son propre poids et se démarque de nombreux portraits de cinéastes.
