Edouard Glissant / Jean-Noël Christiani
Non défini
De ce qui fait l'homme dans cet «homme-livre», Édouard Glissant ne livrera qu'une anecdote. Un souvenir d'enfance, lorsque un jour il est tombé dans la mer, au cours d'un petit naufrage dans la Baie du marin. Ce fut menaçant et splendide, dit-il, en fermant les yeux. Et d'ajouter que sa mère avait toujours tenté d'effacer ce souvenir : «c'est une redoutable destructrice de mythe !» Une histoire à rapprocher de ce qu'il dira ensuite sur les antécédents fondamentaux des Antillais, restés au fond de la mer. Nous sommes à la rencontre de deux plaques, poursuit-il, esquissant une poétique de cette géographie de la Caraïbe. Apparaissant en surimpression sur le rocher du Diamant, s'entretenant avec l'écrivain antillais Patrick Chamoiseau sur un fond sonore de chant de crapauds alors qu’il vient de publier «Tout-Monde», Édouard Glissant évoque les motifs fondateurs qui parcourent son œuvre : le paysage, la notion de «trace», l’intérêt pour la figure de l’archipel ou encore l’antre du bateau négrier et la plantation comme creuset des sociétés américaines. Glissant évoque Mycéa, les théories de la négritude, «ses» écrivains (Faulkner et Saint-John-Perse) et les présocratiques.